vendredi 9 avril 2010

Le boulot et les enfants

Quand je me suis levée, je voulais tuer la terre entière, mais finalement, j'ai eu une belle journée. Surtout une belle soirée.

Au centre de répit pour jeunes handicapés où je travaille, j'ai deux préférés. Je sais, ce n'est pas très éthique. Mais j'ai 2 préférés quand même, deux jeunes avec qui ça clique particulièrement, que je suis toujours contente de voir et pour qui j'ai des sentiments qui dépassent la simple relation intervenante/client .

Bref, l'un d'eux, B., a à peu près mon âge, pas de déficience intellectuelle réelle, mais un handicap physique assez lourd, c'est-à-dire qu'il n'a pas exactement le contrôle de ses mouvements et qu'il ne peut donc ni marcher, ni parler (à part quelques mots très précis), ni manger seul, ni... bref, vous voyez le portrait.

C'était ma fête, il y a plusieurs jours, mais on ne s'était pas vus depuis. Par contre, ce soir, après beaucoup de temps à tourner autour du pot (sur son ordinateur qui parle à sa place), il a fini par me dire qu'il avait quelque chose pour moi.
Et il  m'a amené à mon cadeau.
Et god, j'aurais pu pleurer, parce qu'à l'intérieur, il y avait un... escargot. J'ai trouvé ça tellement, tellement cute. J'ai une obsession pour les escargots. Il m'a vraiment acheté quelque chose qui me ressemble. Un escargot pour cacher des choses. Et je me suis exclamée de joie et d'émotion pendant un bon 5 minutes avant de reprendre ma contenance, de dire merci et de donner deux becs sur les joues.

Plus tard, il est couché et je fais mon travail de responsable d'équipe en écrivant le rapport de la soirée. S., une collègue, vient en riant me dire que B. parle beaucoup plus, depuis quelques temps. Je ris un peu, parce qu'à part « Allô », « Oui », « Non » et « Eille », je ne l'ai pas entendu  dire beaucoup de mots de sa bouche. Je vais quand même le voir et après 10 minutes à dire non de la tête, il finit par... dire mon nom. Très clairement.
J'aurais pu pleurer. Encore.
Vous vous êtes faits une image de la scène du cadeau et de mes exclamations? Recommencez.
Un peu plus tard, S. me dit que ça fait un bon moment que B. se pratique à dire correctement mon nom. Et ça m'a touchée, god, ça m'a touchée.

Des fois, je me dis que ça va être dur, dur, dur de quitter ce boulot, juste pour B. et pour A.

Parce que je les aime tellement, tellement, tellement.

1 commentaire:

Marie a dit…

ben même si tu quittes ce travail un moment donné, tu pourras toujours leur dire comment te rejoindre... :)